Jusqu’à récemment, Reykjavik a commémoré un événement important de l’histoire commune germano-islandaise. Pendant trois ans, le One Wall du Nomad Clan et de Hera, immense par son contenu et son ampleur, a symbolisé la fuite vers l’étranger, le chemin du familier vers l’inconnu. Le regard était toujours tourné vers le nouvel avenir, seuls les souvenirs regardaient en arrière.
Entre-temps, l’avancement des travaux a soustrait l’image à tous les observateurs.

Le Museum for Contemporary Urban Art (Urban Nation) présente l’immense fresque dans son état d’origine et décrit également le contexte historique : en 1949, 314 femmes allemandes sont arrivées en Islande sur un bateau appelé Esja. Peu après la Seconde Guerre mondiale, alors que l’Allemagne était encore en ruines et que nombre de ces femmes, veuves et appauvries, pleuraient leur mari, une nouvelle perspective s’offrait à elles dans un pays étranger. L’Islande est devenue une nouvelle patrie pour ces femmes. Elles y ont trouvé un foyer sûr, du travail et, pour certaines, un nouvel amour. Beaucoup de celles que l’on appelle les « femmes Esja » sont restées en Islande.
L’artiste Hera estime qu’il est « particulièrement important de se pencher sur le fait que les gens ont toujours été des migrants, qui ont exploré des territoires nouveaux et inconnus et qui ont fini par s’y fondre [en faisant] partie de nouveaux lieux, de nouvelles cultures et de nouvelles familles. Les histoires de migration sont inscrites dans l’ADN de chaque pays, dans son identité nationale. Il est essentiel de le rappeler aux gens pour maintenir une culture qui accueille les immigrants ».