Le mercredi des Cendres, c’est la fin de tout ! Les 40 jours de carême jusqu’à Pâques ont toujours incité les gens à tricher. Ce ne sont pas les gens ordinaires qui ont inventé les astuces. Ce sont les moines des monastères pour qui l’abstinence renforcée allait trop loin. Les tricheries monastiques et les règles strictes du jeûne d’autrefois ont donné naissance à des traditions que nous célébrons encore aujourd’hui. Parmi elles, les pâtisseries grasses comme les beignets, les boules de Berlin et les amandes de Muzen pendant le carnaval, car le beurre a également été sur la liste des interdictions pendant des siècles. Mardi gras, le mardi gras, nous salue. Mais derrière les murs épais des monastères, on était particulièrement créatif !

L’astuce de la bière de carême
Au Moyen Âge, le brassage de la bière faisait partie des compétences clés des monastères. Pour le Carême, les moines brassaient volontiers un brassin spécial. La mise en perce des bières de carême corsées avait lieu directement le mercredi des Cendres. La bière de carême était particulièrement riche afin de compenser le manque de nourriture solide. Les moines tiraient la légitimité de cette bière spéciale nourrissante d’une interprétation raffinée des règles du jeûne. Rome avait proclamé : Ce qui est liquide ne rompt pas le jeûne. On pouvait donc boire le peu que l’on mangeait habituellement.

Reste la question de savoir comment les moines ont contourné l’interdiction d’alcool. Il semble que l’autorisation ait été obtenue en haut lieu. On a demandé au pape si la bière tombait sous le coup de la règle « Liquida non frangunt ieunum – les liquides ne rompent pas le jeûne ». Le pape a alors demandé un échantillon de la boisson. Eh bien, le long trajet non réfrigéré jusqu’à Rome a transformé la bière de jeûne en une infâme boisson, que le pape a jugée digne d’une boisson de jeûne. Les moines avaient droit à cinq litres par jour. Cela ressemble plus à un pays de cocagne qu’à un renoncement. Aujourd’hui encore, de nombreuses brasseries ayant un passé monastique brassent une bière de carême spéciale pour la période de renoncement jusqu’à Pâques. Dans la brasserie traditionnelle Schlenkerla de Bamberg, la bière de carême Aecht Schlenkerla est servie chaque année à partir de février.

L’invention du Maultasche
Le renoncement ordonné par l’Eglise a une longue tradition. En 590, le pape Grégoire Ier a décrété qu’aucun animal à sang chaud ne devait se trouver dans l’assiette pendant le carême. En revanche, les poissons, les reptiles et même les insectes pouvaient être consommés. Mais ce n’est pas tout : plus tard, le beurre, les œufs, le fromage et le lait ont également été ajoutés à la liste des interdictions. Cool, pourrait-on penser maintenant, l’humanité sur la voie du véganisme. Compte tenu des conditions de vie difficiles de l’époque, le fait de ne pas consommer de protéines animales était une règle alimentaire problématique pour la santé.

Ce n’est que vers 1500 que les lois strictes sur le jeûne ont été assouplies. Mais la nécessité, Dieu merci, rend inventif. Ainsi, selon la légende, le fameux Maultasche souabe serait né du conflit de conscience d’un moine qui avait attrapé un morceau de viande pendant le carême et qui voulait en cacher la consommation au Seigneur. Le moine cacha le Herrgottsbescheißerle ou Pfaffentäuschencher dans de nombreuses herbes et oignons et l’enveloppa encore dans un manteau de pâte pour plus de sécurité. Une belle histoire qui se laisse bien raconter, mais qui n’est pas prouvée historiquement. Il est plus probable que l’astuce du jeûne vienne en réalité d’Italie. C’est là que s’est développée la première haute cuisine d’Europe. Des immigrés venus du sud pourraient avoir donné l’impulsion à ce classique souabe.

Quel était le goût de certains plats encore connus aujourd’hui ? Ce qui est sûr, c’est que la bière a longtemps et invariablement eu un arôme de fumée prononcé. Ce n’est qu’avec le séchage industriel du malt que la fumée a été bannie de la bière. Il est également intéressant de jeter un coup d’œil sur les plats du Moyen-Âge. On se rend vite compte que la cuisine de la noblesse et du clergé regorgeait d’épices raffinées. En Allemagne, c’est probablement dans le Haut-Palatinat que l’on se rapproche le plus de l’art du brassage tel qu’il était pratiqué autrefois par les moines dans les monastères. La culture du Zoigl y est toujours vivante. Dans la Kommun-Brauhaus de Falkenberg, le brassage se fait encore dans une cuve ouverte et la bière est stockée dans des caves creusées dans la roche pour la fermentation.
La photo teaser n’est d’ailleurs pas manipulée
Nous avons illustré l’action par laquelle les moines rusés ont obtenu à l’époque du pape l’autorisation de la bière comme boisson de jeûne par une photo réelle de 2011, qui semble plus surréaliste que toutes les représentations que les générateurs d’images génèrent à l’aide de l’intelligence artificielle à partir du briefing correspondant.
