Avec une vue sur les plus hauts sommets, la route du Pamir traverse une région qui sert de voie commerciale entre l’est et l’ouest depuis de nombreux siècles. Rares sont les endroits au monde où un paysage incarne autant son histoire que la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan, longue ici de plusieurs centaines de kilomètres.
La métropole d’Och, située au sud du Kirghizstan, est le point de départ et d’arrivée d’un circuit de plus de 2.000 kilomètres qui doit nous mener en dix jours époustouflants à travers la partie méridionale de l’ancienne république soviétique. Les lettres cyrilliques, qui s’écrivent aussi bien en kirghize qu’en tadjik, et la connaissance de la langue russe seraient ici définitivement meilleures pour la communication que l’anglais parlé dans de nombreuses parties du monde. D’un autre côté, à l’époque où les premiers Européens, avec Alexandre le Grand, ont ressenti le besoin de se rendre sur les routes commerciales d’Asie centrale, ils ont réussi à se faire comprendre.
Sur les traces d’Alexandre au lac Iskanderkul
Le cheval d’Alexandre le Grand se serait noyé dans ce lac créé par la rivière Iskanderdarja, retenue par un glissement de terrain, peu de temps avant sa campagne en Asie. L’Iskanderkul est considéré comme l’un des plus beaux lacs d’Asie centrale. Nous passons la nuit dans un petit village auquel mène un chemin poussiéreux. Outre les constructions classiques plates en argile, quelques maisons ont été construites comme homestays pour les vacanciers.
Dans la région, on extrayait du césium, un élément rare, à l’époque soviétique. La mosaïque bien conservée sur le mur d’une usine désaffectée rappelle encore, dans le style soviétique, l’époque de l’exploitation minière. Aujourd’hui, des marchandises telles que l’huile de cuisson ou la farine sont parfois vendues sur le site de l’usine.
Au fait, pourquoi la route de la soie ?
C’est certes la soie qui a donné son nom à la Route de la Soie. Mais le commerce concernait bien d’autres choses. Les Chinois ont d’abord offert de la soie aux Kirghizes en échange de leurs bons chevaux, dont ils avaient besoin pour leurs campagnes militaires. Des inventions comme le papier chinois ou la poudre à canon et le verre arabe ont également été transmises de continent en continent sur la route de la soie. Ce sont surtout les marchandises légères comme le safran et d’autres épices inconnues en Europe qui valaient la peine d’être transportées le long de rivières tumultueuses et par des cols élevés, impraticables en hiver.
Les ancêtres des personnes que nous rencontrons ont permis aux caravanes de passer. Ils ont maintenu les routes praticables et ont fourni de la nourriture aux hommes et à leurs bêtes de somme.
Les rapports de force changeants et aussi la nature ont fait qu’il existe plusieurs routes qui peuvent toutes prétendre être la Route de la Soie. Le long du fleuve Pansh, la route est actuellement goudronnée du côté tadjik par un consortium chinois, afin de rendre la ceinture entre la Chine et l’Ouzbékistan à travers le Tadjikistan plus praticable pour les poids lourds.
2018, le Tadjikistan proclame « l’année du tourisme ».
Au cours de notre voyage, nous passons également par l’endroit où, en 2018, un groupe de cyclotouristes étrangers a été victime d’un attentat terroriste mortel. La même année, le président Emomali Rakhmon, dans le district de Danghara où le crime a été commis, a proclamé l’année du tourisme.
Grâce à son offensive touristique, le Tadjikistan souhaite multiplier le nombre de touristes étrangers et soutenir ainsi son économie. Outre l’autoroute du Pamir, la capitale Douchanbé et les montagnes alpines du Pamir avec leurs sommets de 7000 mètres constituent des destinations attrayantes. Les conditions de visa ont été quelque peu simplifiées l’année dernière et nous avons trouvé les contrôles à la frontière et aux points de contrôle dans le pays, autrefois redoutés, aimables et corrects.
Douchanbé, une capitale à la longue histoire commerciale
500 ans avant notre ère, deux routes commerciales historiques se croisaient déjà à l’endroit où se trouve aujourd’hui Douchanbé. Un marché s’y tenait tous les lundis. C’est pourquoi le nom du lieu signifie littéralement lundi [Le deuxième jour après le samedi = « Du » (deux) + « Shambe » (samedi)]. Aujourd’hui, le marché couvert, situé à l’écart du centre-ville, est un pôle d’attraction très animé. L’immense bâtiment a été achevé en 2015 et mis en service en 2017 sous direction française. Parallèlement, d’autres places de marché de la ville ont été supprimées.
Il est rare de voir autant de pyramides d’épices, de fruits séchés, de légumes et de noix. Entre eux, ce ne sont pas les clients eux-mêmes qui poussent leurs caddies. Les transporteurs exercent un métier à part entière. Ils rassemblent tous les légumes, melons et autres marchandises lourdes et les transportent à l’extérieur, dans la cohue des taxis et des véhicules privés avec lesquels les clients emportent leurs achats.
Dans les deux pays, le Tadjikistan et le Kirghizstan, les paiements se font principalement en espèces. Les soms kirghizes et les somonis tadjiks peuvent être échangés contre des dollars américains ou des euros. Les distributeurs automatiques de billets sont rares, même dans les grandes villes. Si une carte de crédit est acceptée quelque part, il s’agit le plus souvent d’une Visa.
Le Kirghizistan, le pays des chevaux
Un quart des Kirghizes vivent de l’élevage. Pour 6 millions d’habitants, le Kirghizstan compte 20 millions d’animaux de pâturage, dont environ 10 millions de chevaux. Le mode de vie nomade en yourte permet d’offrir aux animaux des pâturages nourrissants en toute saison.
Reportage : Inoubliables au Pic Lénine
Reportage: Douchanbé, la capitale du Tadjikistan
Reportage de fond: Special Adventures sur la Route de la Soie
Calendrier
En route sur les traces de Marco Polo
La route de la soie mène aux endroits les plus prometteurs du monde. Sur ce que l’on appelle la Pamir Highway, l’ancienne route commerciale de Haute-Asie traverse les montagnes du Pamir, où l’on trouve les plus hautes montagnes du monde, en plus de l’Himalaya, du Karakorum et de l’Hindu Kush. Lors de son voyage en Chine, Marco Polo avait déjà emprunté certaines des routes qui traversent encore aujourd’hui le toit du monde.
Douchanbé
Située sur la Route de la Soie, la ville de Douchanbé est aujourd’hui encore un important centre commercial, comme au Moyen Âge. En témoignent les nombreux bâtiments représentatifs et l’effervescence du marché couvert moderne. La quantité de produits frais et surtout la multitude d’épices orientales sont stupéfiantes. Avec ce calendrier, on profite toute une année de l’Orient en abondance.
Les frais d’hébergement et de demi-pension sur place ont été pris en charge par l’organisateur.